changement de cap pour JY aujourd'hui :

arrivée à Delhi ce midi
petit retour en arrière sur ces derniers jours sans nouvelles
tant que JY n'avait pas quitté le pays impossible de dire quoi que ce soit

voilà le 3ème jour de vol bivouac a tourné plutôt en sortie de bal du vin chaud à Ranspach avec un mélange de Midnight express
il a été pris pour un terroriste
résultats des courses :

- 3 jours enfermé dans un hôtel en guise de prison

- le matos confisqué

- les images détruites

- une amende de 300 dollars

et 1 oeil au beurre noir !!!

c'était y a une semaine !


delhi.jpg
Delhi ce matin

depuis JY a eu carrément le temps de réfléchir pour y voir un peu plus clair et pour envisager la suite du voyage ...
Nous on le sait depuis lundi.
désolée on a du mentir à tous les gens qui demandaient des nouvelles !
bon de toute façon on y pensait, on l'appréhendait tous plus ou moins ...
alors voilà ça c'est fait ...

ici à la maison
on a pété une durite ... juste de berlingo, y a rien là !
En fait, on ne s'étend pas sur les détails
on n'est pas là bas et on n'y changera rien
donc on fait un peu nos autruches pour le coup !
sinon impossible de tenir 4 mois avec une boule au ventre.
on en a profité pour passer du temps au téléphone et sur internet avec JY
Wendy espère que la grande traversée sera un peu raccourcie et que son papa sera de retour pour son anniversaire le 6 décembre

la suite du périple maintenant :
la priorité était de quitter le plus vite possible le Tadjikistan%% pays pas facile où peu de gens parlent anglais et une grande tension avec l'Afghanistan
impossible d'y voler dans cette région en tout cas

rejoindre le Pakistan
plus de connaissances bien placées et plus facile d'obtenir des autorisations pour voler.
JY retrouve son ami Ishaq dimanche matin à Islamabad



le moral est revenu en même temps que les 40 degrés bien humides de New Delhi
JY s'est racheté une gopro
ce soir elle est nickel opérationnelle !
demain vol pour Islamabad

rando.jpg

je vous retranscris son récit de son bad trip dans la montagne
je crois que ça lui a fait du bien de pouvoir l'écrire et du coup de moins y penser
moi je l'ai lu en diagonale
les filles ne l'ont pas lu et finalement c'est mieux comme ça

A bientôt pour des nouvelles plus légères ! JY espère sortir son parapente mercredi !
un lion en cage : 10 jours sans voler !
il s'était mis dans sa bulle : déconnecter le cerveau pour ne pas penser !!!


depart.jpg

"Je n'aimerais pas être un terroriste au Tadjikistan. A l'heure qu'il est, une semaine après mon arrestation musclée et 3 jours d'interrogatoire, j'essaye de faire le bilan. J'aime les gens, sans exception, sans pré-jugé. Je continue à croire que la vie ensemble est possible partout sur cette planète. Que s'est-il passé? Comme à mon habitude en pays inconnu, j'ai pris la température, avec les gens, avec les conditions aérologiques. Atterri à Dushanbe, J'ai ensuite passé 3 jours au village de Namozgoh à 2 heures seulement de la capitale au cœur d'un magnifique massif culminant à 4700m. Le sourire d'un passager dans le minibus qui m'amenait au village m'a fait m'installer chez lui, Komil et sa petite famille. L'accueil Tadjik est sans comparaison. Durant 3 jours, j'étais au petit soin tantôt chez Komil, tantôt chez Rouzboy, le maire. A aucun moment je n'ai caché mes intentions de parapente bivouac à travers le pays. 3 jours solitaires plus tard, confiant, je croise une large vallée entre Garm et Jirgatol. J'ai déjà parcouru plus de 170 km en très peu d'heures de vol avec des plafonds à 5300 m, le moral est au beau fixe. Au bout de ma transition, je ne suis plus qu'à 2300m sur des pente ouest à une heure de l'après midi. 2 aller retour me suffise à prendre la décision de poser, marcher un peu et redécoller plus tard. Je fais mon approche au niveau d'une tente, un berger et son troupeau de chèvres. Un hameau au abord d'un lac magnifique se trouve au pied de cette pente 300m plus bas. Je le salue du ciel et m'apprête à poser mais cet imbécile laisse partir ces 4 chiens enragés dans ma direction. Comment quoi ça arrive partout! Je vire brutalement à gauche et file me poser 1 km plus loin dans des broussailles. 1 heure plus tard, je suis à l'ombre d'un feuillu à côté d'une source bien fraîche. Il doit faire 35 degré, le soleil tape. A 15h30, j'ai grimpé droit dans les buissons jusqu'à 2600m et les conditions sont excellentes. Je réétale mon parapente et m'apprête à décoller. L'idée est de reprendre de l'altitude, trouver un chouette bivouac et préparer la suite de l'aventure. Je prends la décision d'attendre 16h que les plus violentes rafales s'apaisent un peu. Un cavalier solitaire vêtu de noir arrive d'en bas. Il est essoufflé, transpirant, il porte un fusil de chasse en bandoulière. Je le salue "Salom alek" , il me répond dans un sourire éclair. En descendant de son canasson, j'aperçois son visage s'assombrir. Dans un même mouvement, il dégaine son arme et la pointe vers mon visage. Il est à quelques mètres de moi. Hurlant en Tadjik, il me fait comprendre d'attaquer à redescendre. Je me plaints, tente de ranger mon vario ou mon gps au sol, sans succès. Une rafale de grosse chevrotine atteins mes pieds. J'abandonne l'idée de ranger quoique ce soit, y compris d'emporter mon passeport. Ayant déjà vécu une situation similaire en Bolivie en 2000, mon esprit ne fait qu'un tour, j'ai 2 secondes pour lui sauté dessus avant qu'il ne recharge et tenter une issue par l'affrontement. J'hésite et préfère penser qu'il est avec les autorités. La descente est soutenue, j'ai les mains en l'air, mon agresseur ne fait que hurler d'accélérer. Je suis habillé pour voler à 5000m et je transpire à grosses gouttes dans mes 6 couches de vêtements. Le bourricot et toutes les affaires sont restés en haut. Après 10 minutes, nous rejoignons un second civil, le berger. J'aime pas ca, c'est pas ce que j'avais imaginé. Ils se complimentent et semblent fier de leur trophée de chasse. Notre course folle vers le bas se poursuit jusqu'à la tente que l'on m'ordonne d'éviter 50 mètres à gauche. Plus bas, Un militaire armé jusqu'aux dents arrivent enfin. Pendant un centieme de seconde je me réjouis d'avoir fait le bon choix. Les 4 chiens déchaînés se lancent soudainement vers lui. En un éclair, le premier se prend une rafales de kalashnikof. Le berger est fou, il perd son sang froid et s'empare du fusil de son ami. Il met en joue le militaire et m'ordonne de resté à ses côtés en me visant par saccades. Je suis entre deux débiles armés et à cran. Chacun m'hurle de rappliquer. Un second militaire apparaît. Le berger réalise que son issu n'est pas favorable et abandonne. Ouf, je respire et avance vers les militaires. Je continue à répéter " tourist, fransous" mais rien n'y change, ils continuent à m'aboyer dessus comme les deux civils. Pas grave, je suis maintenant entre les mains des autorités, plus rien ne peut arriver. Avant de rejoindre la route près du hameau, nous descendons dans une petite dépression. Le militaire sanguinaire a le regard noir, sans pitié, il est assoiffé de sang et de violence. Il le porte sur lui. Il empoigne ma main droite, la lève plus haut et approche le canon de sa mitraillette contre avec un sourire sadique. Putain, le con, il veux me punir discretos à sa manière. Je la replaque derrière ma tête en le suppliant. Il la reprend avec l'aide de son collegue qui l'interroge du regard. Je me jette au sol en boule et les supplie de ne pas faire ca. Je n'ose imaginer ma main pulvérisée au contact de la balle. Je sens soudain un violent coup à la tête juste au dessus de l'œil droit. Le choc a été violent mais je suis tellement contracté que je ne sens rien. Ils me relèvent et nous voici à nouveau à la vue des paysans. Quand est ce que ça va s'arrêter ? J'ai maintenant une clé de bras de chaque côté, je rampe sur les genous, mange la poussière. A la piste, je me retrouve nez avec deux belles chaussures. Je relève la tête, l'homme est gros, bien vêtu, en civil. C'est sûr, c'est un chef. Il me fait signe de me relever. Après m'avoir fouiller, il me fait boire un peu d'eau que j'ai dans la poche. J'observe pas moins d'une 10aine de militaires en renfort ranger leur arsenal pour organiser ma traque si elle avait continué. Dans la voiture qui nous emmène au commissariat régional, mon torsionnaire sadique a pris la place du conducteur. La route est longue, sinueuse et cabossée. Mon chauffeur n'arrête pas de se faire engueulé par le big boss, comme un vieux couple, à part qu'il a juste à fermer sa gueule. Je me dis qu'il y a une justice dans ce pays. Qu'elle a été mon erreur ? Je n'ai pas demandé d'autorisation de vol et n'y déclaré mon itinéraire au comité du sport à Dushanbe. Une autorisation qui n'existe pas auprès des autorités du Tadjikistan. Au départ, je suis traité comme un terroriste puis ensuite comme un espion. C'est pourquoi j'ai attendu de quitter le pays pour raconter mon histoire. Toutes mes images ont été confisqué ainsi que ma caméra gopro. Aucune images aériennes n'est autorisé. J'ai à mon insu, survolé 7sites sensibles. Je n'ai vu que des troupeaux et des glaciers. Le Tadjikistan, bien que majoritairement sunnite est sous pression. Il doit gérer une frontière fermée de 1300km avec l'Afgahnistan. La menace terroriste est contrôlé d'une main de fer par un président en place depuis 25 ans, depuis la division de l'URSS. L'armée et la police semble fonctionner comme au bon vieux temps et ca marche ... Il n'y a pas eu d'attentat dans le pays en 10 ans. À quel prix pour les civils ? pour le tourisme ? Ce n'était pas le bon moment pour s'amuser en vol bivouac ici, dans des paysages uniques et un accueil hors du commun. Je vais passer mon chemin et reprendre sagement mon aventure chez mes copains pakistanais avec une belle bosse au front et mon œil au beurre noir. Inch Allah. Jean-Yves"